LE JARDIN DES DÉLICES
Nathan Israël - Luna Rousseau
cirque
LE POPULAIRE DU CENTRE - 2014
TELLURIQUE - Le puissant solo de Nathan Israël scintille à la belle étoile
Une métamorphose, de la terre à l'éther
Jouée en plein air, l'oeuvre à la fois physique et poétique proposée par le groupe La scabreuse se veut aussi un appel à la réflexion.
Créé il y a quelques mois à peine, L'homme de boue est une pièce qui se situe quelque part au confluent du cirque et de la danse contemporaine. Tout en s'appuyant sur une performance de jonglerie hallucinante.
Nathan Israël, qui en est l'interprète, dit orienter son travail vers "une recherche de sens lié à la pratique du cirque". Ici, il accorde son solo au texte - magnifique partition - écrit par le philosophe Claude Louis-Combet. Ce texte, dit en voix off-off par Luna Rousseau, évoque deux figures mythiques, celle du premier homme et celle du Golem. L'homme de boue, à travers le personnage qui l'incarne, tente d'entrevoir une réponse à une question intrinsèquement liée à l'humanité et son corollaire d'aujourd'hui : comment se tenir debout ?
Traversé par la métaphysique, tourné vers la réflexion, ce spectacle qui flore le désir d'élévation de l'humain n'est pourtant pas réservé à un public adulte ou "intellectuellement averti".
Joué en palc, sous la voûte céleste, il fait des spectateurs les témoins impliqués de ce qui advient dans le cercle. Ils assistent à la tension et au mouvement mis en oeuvre par le personnage, muet, pour accéder à la position verticale, tel un trait d'union redressé, tout droit entre terre et ciel.
Tendu vers l'infini
L'homme à terre s'extrait lentement de la gangue de glaise originelle avec laquelle il fait corps. Lentement, il se déplie et se relève, lançant toujours plus haut les massues de bois clair qui sont ses médiatrices vers l'infini. Dans cette danse jonglée toute en grâce et en puissance, Nathan Israël défie la pesanteur sans ignorer la fragilité et les appréhensions qui accompagnent sa lente élévation. Pris au coeur par la beauté du texte qui monte comme un poème céleste, confondu par la force de la prouesse physique, happé dans un halo de lumière mystérieux, le spectateur est à son tour enlevé, élevé, vers un horizon supérieur.